Lettres à Yasmine – Sujet : en tant que musulmane, ai-je le droit d’aller à la piscine ?
Chère Yasmine
Je te remercie de ta visite la semaine dernière avec l’espoir de renouveler bien vite ton passage, sans doute aux beaux jours, pour profiter des joies de la baignade à la piscine. Et tu me dis que ce n’est pas possible pour toi ?
Tu m’invoques la protection de la femme, sauvegarder sa pudeur, lui éviter des lieux de tentation.
Comme je comprends le souci d’être respectée ! Les faits divers relatent effectivement l tous les affronts subis par la femme au quotidien, dans la rue, les lieux publics, mais aussi chez elle. Les lois, hélas ne font pas tout, et l’éducation au jour le jour de nos enfants, à défaut de persuader la société, devient notre seule manœuvre, et notre priorité pour peu à peu obtenir notre liberté.
Une éducation au respect
Respect du cœur, respect du corps. A travers notre corps, c’est notre être qui s’exprime. Le corps est a moi, il est moi même. Sinon comment expliquer que quand j’ai le bras cassé, je ne dis pas : « mon bras a mal » mais » j’ai mal au bras ! » C’est moi qui suis atteinte dans une dimension de mon corps.
C’est encore plus profond, quand je suis agressée par un regard désagréable, dérangeant qui blesse. Se faire respecter, c’est déjà l’apprentissage du regard, des attitudes, des gestes, des mots. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à communiquer cela à nos enfants : le respect évite la violence et permet à l’autre d’exister !
Un apprentissage constant de nos garçons et de nos filles, sur la valeur de l’autre, sur ce que l’autre peut ressentir, sur sa dimension spirituelle. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Isaïe 43, 1-7)
Une éducation à l’intimité
L’intimité du cœur, du corps. L’intimité est liée au secret, à ce qui est personnel, a ce qu’on ne dévoile pas à tout le monde, ou qui est partagée avec une personne exclusive. Est-ce que nos garçons l’ont bien compris, quand ils ne mettent pas de garde à leurs yeux, à leurs propos, à leur conduite ? En demandant aux filles de se « cacher », n’induit t-on pas un discours trop permissif envers les garçons ? Ne devrait on pas plutôt les instruire chacun et chacune sur le bienfait de la chasteté ? Ce devoir moral recourt à la pudeur, pour signifier l’engagement au respect de l’intimité, envers soi-même, envers les autres. « Ne savez vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? » (1CO 3,16)
Une éducation à la pudeur
La barrière qui protège notre intimité. L’absence de pudeur des regards, de l’habillement, des gestes et des mots peut nuire et conduire à l’agression. Révéler à nos enfants cette petite voix intérieure « qu’est ce qui me met mal à l’aise ? » est d’une importance capitale.
De fait Yasmine, quand tu vas au supermarché, tes habits protègent ton intimité, et révèlent ta pudeur. Mais quand tu te rends à la piscine, tes habits n’étant plus la barrière physique sensible, tu dois pouvoir compter sur la pudeur des regards, gestes et mots d’autrui. Garçons et filles pareillement.
En route pour la liberté ?
Ainsi, hommes et femmes lucides et cohérents, peuvent échanger en société, partout, sans peur ni suspicion. C’est le dur labeur de la maturité qui conduit à la liberté, évite les fâcheuses interprétations de tentation. Somme toute, Yasmine, la femme dans un monde respectueux, n’a rien à craindre à la piscine.
Alizée