Lettres à Yasmine – Sujet : Une musulmane a-t-elle le droit d’aller au cimetière ?

Chère Yasmine,

Combien je comprends la douleur que tu vis en ce moment !

Perdre un mari, son « alter ego », est une épreuve parfois insoutenable, Tu te sens bien seule, tout d’un coup, incapable de faire face et pourtant il faut bien vivre, accomplir des gestes routiniers, s’occuper des enfants, faire tourner la maison et reprendre le travail devant des collègues compatissants certes, mais qui tournent vite la page de ta douleur…

Et tu me demandes «  vas-tu au cimetière toi Alizée ? »

Une démarche ancestrale

Il est courant de dire que les premiers signes de civilisation apparaissent quand les hommes ont commencé à enterrer leurs morts. à travers une grande variété des rites. L’Homme prend alors conscience de la dignité du corps, et de l’espérance d’un devenir autre. L’évolution des rites dédiés à ces pratiques, au long de l’histoire des peuples et des cultures, prouvent, au delà des règles élémentaires d’hygiène, l’intérêt porté aux personnes aimées et disparues.

Une démarche gratuite

Car, il n’y a pas de plus grand service que celui de porter attention aux personnes disparues ! A priori, c’est un service qui n’attend pas de retour… C’est d’un cœur parfois lourd, mais toujours aimant que les visites au tombeau, dans les cimetières, se pratiquent. Les gestes familiers de nettoyage, l’embellissement par des fleurs, la présence silencieuse et aimante, sous-tendent avec certitude que la personne est vivante, mais « autrement ».

Un attachement excessif ?

Alors oui je vais au cimetière, pas seulement pour enterrer ou pleurer d’une sensibilité mal dosée, mais aussi par foi. Reconnaissance de ce corps aimé, unique, qui fut temple de l’Esprit (1Co 3,16). En étant présente près de la tombe, je signifie ma foi et mon Espérance pour cette personne et je me rapproche du monde des âmes en attente du retour du Christ.

Oui cela est peut être éprouvant, mais aussi apaisant, car le processus de deuil peut concrètement se vivre devant l’évidence de la tombe, du « jamais plus » très sensible. C’est une grande force qui nous anime alors d’être capable de rester en prière, ou en communion de pensée avec nos chers disparus.

Car la vie ne s’arrête pas là

Dieu a mis en nous, hommes et femmes, la vie, et celle-ci nous quitte, que pour nous faire advenir dans son royaume, saints et irréprochables, à Lui pour toujours ; homme et femme il les créa, homme et femme il nous rendra la vie, et cette espérance vécue pareillement par les morts et les vivants s’appelle la communion des saints !

Mais je t’en parlerai plus longuement Yasmine, car c’est déjà une autre histoire.

Alizée

As-tu d’autres questions comme Yasmine ? Penses-tu qu’en tant que musulmane il est possible d’aller au cimetière ? Nous sommes là pour échanger avec toi via le chat (anonyme et gratuit)

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